Saint-Bauzély | Le troupeau silencieux de Tintin
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À saint-bauzély on a retrouvé des traces de la 7ème compagnie

Comment devient-on le gardien d’un vieux troupeau silencieux, dont la robe rouille et se patine avec le temps ? À Saint-Bauzély Patrick Valentin, dit « Tintin », est collectionneur de véhicules militaires anciens. Mais pas uniquement, car le troupeau compte aussi d’autres merveilles sauvées de la lame du ferrailleur.

Partout sur son domaine le regard porte sur ses « bêtes », auxquelles il voue une véritable passion. Car on ne choisit pas ses passions, ce sont elles qui vous choisissent, aussi envahissantes soient-elles. Au milieu des innombrables carcasses de métal dont beaucoup ont participé au D-Day, Tintin est un collectionneur heureux.

Collectionneur de véhicules militaires

Collectionneurs de véhicules militaires anciens de père en fils

Au propre comme au figuré, difficile de suivre Tintin et son pantalon de camouflage à travers le bric-à-brac qui occupe les 5 hectares acquis exprès pour ça. D’abord parce qu’il avance au pas de charge dans ce capharnaüm qu’il connaît comme sa poche.

Et ensuite parce que son débit de parole est à l’image de ce qui nous entoure : très consistant ! Car quand on aime on ne lésine pas sur les explications !

« C’est mon père puis mon frère qui ont commencé à rentrer tout ce matériel. Année après année, ça a pris de l’ampleur, et je me suis pris au jeu moi aussi. Le stock s’est constitué en achetant lors de ventes au domaine ou chez les ferrailleurs. Aujourd’hui ça fait partie du patrimoine. Je suis connu partout en Europe, voire ailleurs, car je valorise tout ça. On s’y attache, c’est mon troupeau, je me régale de passer devant tous les jours. Ça suffit à faire mon bonheur« 

Les Américains débarquent

Le collectionneur vit entouré d’un matériel lourdement chargé d’histoire face auquel il est difficile de rester insensible. Car on touche du doigt avec émotion une réalité que les années s’efforcent d’estomper. C’est ainsi qu’on se retrouve soudainement au cœur du Débarquement en Normandie, voyant sans peine les GI’S se faire « tirer comme des lapins » une fois le pied posé sur les plages. Car chez Tintin des barges utilisées pour le Débarquement sont là, sous nos yeux.

De même que des véhicules US :

  • des GMC
  • des Mac
  • des Pacific
  • des Diamond
  • des Duck
  • etc.

La rouille a fait son œuvre, mais l’imagination fait le reste.

« Mais qu’est-ce que tu fabriques avec tout ça ? Les gens sont étonnés. Ils s’imaginent que j’en fais un business juteux. Mais il n’en n’est rien, car mon plaisir est de retaper et de remettre en fonctionnement des mécaniques qui dorment depuis des décennies. Et comme c’était du bon matériel, je démonte, je dégrippe, je nettoie et ça repart comme en 40 ! »

Le roi de la retape

Le stock sert en fait à ressusciter quelques éléments, au gré des envies du propriétaire. Car avec les pièces récupérées sur 10 véhicules environ, Tintin en refait un neuf.

« J’ai ainsi toute la matière première sous la main ». Une main aux doigts d’or, puisque ce fan de ces témoins du passé est à la fois tôlier, mécanicien, menuisier ou expert en sellerie automobile (il réutilise les bâches des tentes militaires dans ce but).

Système D et imagination permettent donc aussi au Bauzélyen d’atteindre les cibles qu’il se fixe.

En matière de restauration plus rien ne lui fait peur. À partir d’une carcasse, il a ainsi reconstitué un Half-Truck flambant neuf et en parfait état de marche.

Half-Truck

Et pourquoi ne pas ouvrir un musée ?

Parce que les contraintes sont trop lourdes pour Tintin, qui préfère à l’occasion prêter quelques « têtes » de son cheptel kaki pour des commémorations militaires.

Visite guidée

Avant de venir à Saint-Bauzély couler une retraite paisible, quelques-unes des pièces du collectionneur ont connu une seconde vie après la guerre. Récupérées et rafistolées tant bien que mal (parfois à l’aide de bidons découpés ou de citernes à fuel) certaines ont servi à des artisans pour transporter du bois et des charpentes, comme ces petits Dodge équipés de treuils.

Car la visite est guidée. Tout en vous présentant ses trésors, Tintin vous raconte leur histoire.

Celle de ce camion militaire français par exemple, que la 7ème Compagnie de Pierre Mondy pourrait retrouver ici.

Celle de ce Broussard qui étend ses ailes au dessus du terrain et qu’il est allé chercher chez un curé du côté de Moulins. Ce dernier l’avait reçu en remerciement pour avoir sauvé des pilotes pendant la 2ème guerre mondiale.

Ou bien celle de la bombe tombée en 1944 dans le jardin d’un particulier lors du bombardement de Nîmes, et qui n’avait pas explosé.

Ou encore celle de ces alambics sauvés in extremis de la destruction. L’un d’eux a cessé de fonctionner en 1901, quand le bouilleur de cru a mis fin à son activité. C’est dire s’il a de la bouteille. « On a une petite idée de la convivialité qui régnait à l’époque autour de ces machines« .

Sous l’un des hangars on trouve un casque, percé d’un trou de balle lors de la première guerre mondiale. C’est celui du grand-père qui avait 20 ans à l’époque. Heureusement que son heure n’était pas encore venue. Cela permet aujourd’hui à l’un de ses descendants de perpétuer le souvenir de ces années de guerre d’une façon bien originale. Car n’est pas collectionneur de véhicules militaires anciens qui veut. « C’est pas tout le monde qui a une telle collection devant sa porte » conclut Tintin. Heureusement pour lui quand même que son troupeau est plutôt du genre silencieux.

casque militaire

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