Dions | La guinguette garde ses volets entrouverts
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Le restaurant est impacté par le confinement

Soumise à ce 2ème confinement, la Guinguette de Dions a en partie fermé ses volets. Ce qui laisse comme un goût amer en bouche à Stéphane Angevin. Il avait repris l’établissement en avril 2018, après avoir tenu le Piéton d’Uzès et avait fait de cet endroit au cadre pittoresque un lieu de restauration privilégié pour les ouvriers mais aussi pour les amateurs de soirées festives. Ces dernières attiraient parfois plus de 300 convives. Il fallait alors rajouter des tables sur l’aire de la Braune en contrebas.

 La convivialité avant tout

En basse saison (de septembre à mai) la Guinguette fait habituellement 75 couverts le midi en semaine, 90 à 100 par jour en haute saison. Les week-ends ne sont pas en reste y compris en basse saison, puisque l’endroit se transforme alors également en lieu de fête avec un DJ et des repas à thème le dimanche.

Le restaurant s’est rapidement taillé une réputation d’ambiance festive et conviviale.

La Guinguette et le confinement

C’est en toute connaissance de cause que le choix du restaurateur s’était porté sur la Guinguette.

« Dans une ville comme Uzès la stratégie est différente, car la concurrence  sert à attirer le monde, les gens étant certains de trouver un endroit pour se restaurer. Ici l’accent est mis sur le rapport qualité/prix pour un ticket moyen. Les gens viennent pour faire une coupure pendant leur journée de travail en semaine, et plus généralement pour se détendre, et qui plus est dans un endroit sympa dans la nature ».

Et la terrasse  y contribue grandement.

Le personnel varie entre 6 et 12 personnes selon la saison.

Mais avec ce 2ème confinement et l’interdiction de servir à table, seul Sébastien le cuistot y travaille encore partiellement. Car Stéphane a décidé de faire de « l’emporté » essentiellement pour ne pas perdre le lien avec la clientèle, dont un petit noyau lui reste fidèle.

« On ne fait que 20 % du chiffre habituel, tout juste de quoi payer les frais fixes. On bricole car ce n’est pas notre métier. Notre rôle à nous c’est d’accueillir les gens, de les servir avec le sourire et leur faire passer un bon moment ! »

Deux confinements au menu de 2020

« Nous sommes tous dans la même galère. Beaucoup de restaurateurs ferment car fournir 15 à 20 repas par jour pour emporter au lieu des 100 servis en temps normal n’a pas de sens« .

Et les ouvriers emportent aussi surtout leur propre gamelle sur le chantier. Quel intérêt en effet de venir jusqu’à la Guinguette pour repartir avec le repas ? Car ils souhaitent avant tout se mettre à table pour profiter d’une vraie coupure dans leur journée de travail.

Stéphane Angevin avait décidé de maintenir ouvert un jour de plus son établissement à l’annonce de ce  confinement d’octobre, avec la gratuité du repas en prime. Il espérait que d’autres suivent, comptant sur la solidarité entre gens du métier. Ce ne fut pas le cas. Le restaurant était passible de sanctions, y compris pour la clientèle.

« Je ne me trompe pas de cible, les gendarmes ne font que leur travail, je n’ai pas de colère contre eux. En mars c’est la France entière qui était concernée car il s’agissait d’endiguer une épidémie. Mais maintenant on nous balade : cette période n’a de confinement que le nom car tout le monde circule« .

Il s’estime être stigmatisé car il a respecté toutes les obligations pour la sécurité sanitaire depuis le mois de juin (date de la réouverture à la fin du 1er confinement).

La capacité d’accueil avait chuté de 30 % suite à la distance obligatoire imposée entre les tables. Et en octobre, une fois l’été passé et les touristes partis, il constate une baisse de 35 % du CA par rapport à l’an passé.

Pour corser encore la situation, des mesures supplémentaires lui ont été imposées 10 jours à peine avant la 2ème fermeture :

  • port du masque y compris à table,
  • gel hydroalcoolique sur les tables,
  • prise des coordonnées des clients,
  • etc.

 

Tout a été scrupuleusement suivi en espérant pouvoir ainsi continuer à travailler. Et Stéphane reste persuadé que la restauration est loin d’être un vecteur essentiel de la transmission du virus étant donné toutes ces précautions prises depuis des mois, à la demande du Gouvernement lui-même.

Une situation compliquée

La trésorerie de l’entreprise, relayée par la trésorerie perso du patron,  a permis de payer normalement les employés, en temps et en heure.

Mais l’avenir est loin d’être clair.
« On nous dit de nous réinventer, mais comment ? D’ordinaire je ne me trompe pas dans mes choix stratégiques ni dans la direction à donner à l’entreprise. Mais maintenant il n’y a plus de choix à faire. Et la pire des choses pour un dirigeant est de ne pas savoir où il va, étant dans l’incapacité de prendre des décisions« .

Car les questions sont nombreuses :

  • Quand ouvrir à nouveau et dans quelles conditions ?
  • Comment faire marcher le bar sans l’accès au comptoir, car la clientèle ne prend pas l’apéro assise ?
  • Comment compléter le chiffre en basse saison sans soirées festives ni repas à thèmes ?
  • L’esprit de la Guinguette pourra-t-il être rétabli ? Sinon à quoi bon ouvrir à nouveau  ?
  • En cas d’ouverture limitée, les employés auront-ils le droit au chômage partiel ? (Un chômage partiel avancé par un dirigeant qui n’en bénéficie pas).
  • Une aide sera-t-elle accordée ?

Le licenciement sera peut-être à envisager, après avoir réglé les charges fixes de cette fermeture.

Confinement et restriction de personnel

Seul Sébastien le cuistot travaille partiellement pour les plats à emporter.

Le restaurateur avait prévu de rembourser sur une année le PGE (Prêt garanti par l’état en mars à hauteur de 25 % de la trésorerie de l’entreprise). Il aurait ainsi bénéficié d’un taux zéro. Mais cela ne sera plus possible.

L’annonce faite par le président de la République ce mardi 24 novembre a enfoncé le clou. Car les bars et les restaurants seront fermés jusqu’au 20 janvier 2021 au moins. Il resterait donc à Stéphane Angevin 3 solutions :

1°) Vendre le restaurant. Mais les commerces sont aujourd’hui invendables. Et comme l’État se sert en premier, et que le PEG reste une créance privilégiée, le fruit de la vente serait intouchable.

2°) Continuer et rembourser coûte que coûte.

3°) Déposer le bilan, le mandataire vendant alors les actifs (fond de commerce et matériel) pour honorer le PGE.

« Nous paierons donc l’addition par le biais de nos engagements quoi qu’il arrive« .

 Malgré cela l’ambiance est bonne au sein de l’entreprise. « Les employés sont solidaires, ils savent bien que le patron n’y est pour rien » conclut le maître des lieux. Reste à espérer qu’avec ou sans triolets d’accordéon la Guinguette de Dions rouvrira très bientôt ses volets.

Contact : 04 66 59 19 93

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