SAINT-MAMERT DU GARD | Une dame blanche centenaire
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Un monument de paix pour commémorer la guerre

Louis Bouet avait sept ans en cette fin d’année 1920 lorsqu’il fit connaissance avec la Dame Blanche. Il n’avait pas encore la capacité de comprendre le sens du mot « affligé ». Mais il comprit pourtant que ce dernier n’était guère synonyme de gaieté, assis avec sa mère devant l’estrade officielle, sur ce banc justement réservé aux « affligés ». Car il suffisait pour cela de voir la tristesse sur les visages environnants. Deux ans à peine après la fin de la Grande Guerre qui l’avait fortement endeuillé, Saint-Mamert inaugurait lui aussi ce jour-là son Monument aux Morts commémoratif.

Un monument pour se souvenir

Belliqueux ou revanchards les monuments aux morts présentent souvent un caractère similaire, quand ce n’est pas une expression anarchisante pour dire stop à la guerre ou celle douloureuse de la Pietà.

Mais pas celui de Saint-Mamert qui affiche une orientation spirituelle. Car contrairement à la majorité des monuments du genre, celui de Saint-Mamert du Gard est un monument de paix.

Seuls quelques soixante exemplaires de la sorte existent en France.
La Dame Blanche est dépourvue de toute symbolique guerrière. Coiffée de lauriers, elle tient simplement une couronne mortuaire dans la main gauche.

Quelques mois après la signature de l’armistice du 11 novembre 1918, le projet d’ériger un tel monument avait été soulevé à Saint-Mamert également. Un comité, avec à sa tête M. Puech percepteur à la retraite, eut pour mission d’ouvrir une souscription publique, de déterminer un emplacement et de décider de l’allure à donner à ce monument.

La dame blanche symbole de paix jusqu’au bout

On confia finalement la réalisation de l’œuvre à la société Mérignargues de Nîmes. Que ce soit le père Léopold, le fils Marcel, les cousins Jean et David, les Mérignargues font partie d’une longue lignée de tailleurs de pierre et ont signé bon nombre de monuments aux morts dans la région après la Grande Guerre particulièrement meurtrière.

En janvier 1920 Saint-Mamert avait réclamé ses deux canons, trophées de guerre offerts à toutes les mairies. L’idée était de les placer de part et d’autre du futur monument. Or on n’en vit jamais la couleur, la préfecture les accordant en priorité aux communes plus importantes. Il était donc écrit que la grande dame conserverait jusqu’au bout son statut de symbole de la paix.

Statue monument aux morts

La statue le jour de son inauguration en fin d’année 1920

Après que les noms des dix-huit enfants de Saint-Mamert morts pour la France et gravés sur le socle eurent été prononcés, on dévoila finalement la Dame Blanche en présence de Gaston Doumergue, le futur président de la République originaire d’Aigues-Vives, du maire de Saint-Mamert Gaston Teissonnier, du conseil municipal et des membres du comité. La statue, cachée sous un drap tricolore, était dressée près du bureau de Poste, en bordure de la route. Elle sera déplacée plus tard au fond de la place.

La Dame Blanche souffle donc cette année sa centième bougie. Surplombant le centre du village elle continue imperturbablement de participer à la vie des Saint-Mamertois. Elle est restée de marbre face au temps qui a passé et bien que confrontée aux événements qui l’ont frappée de plein fouet, alors qu’elle avait tout juste 20 ans.

Car édifié en hommage aux dix-huit enfants du village disparus en 14-18, le monument a vu par la suite graver sur ses flancs les quatre noms supplémentaires de ceux disparus en 39-45.

Sources : « Saint-Mamert-du-Gard de la Révolution à nos jours » de Louis Bouet.

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