Du piquant dans la vie des collégiens
Concevoir un système qui permet de suivre en classe et en direct la vie des abeilles dans une ruche tout au long de l’année scolaire, c’est l’idée ingénieuse qu’a eue Jean-Pierre Martin apiculteur et maître de conférence à l’Université de Bourges. Il a depuis lors installé son fameux apiscope dans plus de 120 établissements scolaires en France et à l’étranger.
Ce mercredi 17 mai 2022 c’était au tour des classes de Segpa du collège Frédéric Desmons d’accueillir ce qui leur permettra d’étudier à la loupe la vie de ces insectes fascinants.
Un projet pédagogique avec les abeilles
Au collège de Saint-Geniès le projet d’acquérir un apiscope a été initié par les professeurs de Segpa Shirley Géraud et Éric Giraud, ainsi que par Annie Colombéro. Et ces professeurs ne sont jamais à court d’idées quand il s’agit de mettre en place des activités propres à impliquer leurs élèves.
Par le biais de l’apiscope, faire entrer en classe une colonie de ces insectes bourdonnants permet d’observer la ruche et l’activité de ses habitantes comme si on y était. Les parois sont en effet vitrées tandis qu’un tuyau en plexiglass autorise le va et vient incessant entre la ruche et l’extérieur.
Une fois leur projet bien bâti, professeurs et élèves ont répondu à l’appel à projets « Plan Climat » 2021 de Nîmes Métropole. Et l’idée de l’apiscope a séduit le jury puisqu’ils ont obtenu un prix « coup de cœur » (1000 € d’aide à l’achat).
La remise du prix au collège
Pourquoi les abeilles
- cela permet de travailler des compétences transversales de type psychosocial définies par l’OMS ;
- le travail s’appuie sur de l’observation, qui plus est dans la durée ;
- cela autorise une approche pluridisciplinaire sur le secteur du collège de Saint-Geniès (depuis la maternelle jusqu’à la 3ème) ;
- le travail mené conjointement avec les élèves et les enseignants permet d’aborder les sciences par une démarche d’investigation et d’explorer la quasi totalité des champs des programmes, du cycle 1 au cycle 4.
Au collège toutes les matières sont concernées par l’activité d’une ruche : le langage, les mots, la grammaire, les mathématiques, la physique, l’histoire, la géographie, la philosophie, les règles du travail en groupe. Sans oublier l’écologie, la biodiversité, l’observation du réel et du vivant, le changement climatique, les sciences de la vie et de la Terre, les sciences physiques, la technologie, etc. La liste est longue mais observer les abeilles et leur comportement sera un moyen de procurer aux élèves un sens concret à leur enseignement.
Ce suivi demandera une grande implication de la part des élèves, des enseignants, des parents, d’agents de collectivités territoriales et du monde associatif. Mais il permettra par ailleurs de créer des réseaux avec d’autres établissements équipés ou non d’apiscopes, quels que soient le niveau, le type ou la région géographique.
Les abeilles seront même à l’origine d’un travail autour des langues vivantes pour les élèves susceptibles d’échanger avec l’étranger. Car Jean-Pierre Martin (le seul à ne pas craindre les piqûres*) a installé son apiscope dans le monde entier : en Nouvelle-Zélande, en Roumanie, en Bulgarie, en Espagne, en Italie, etc.
*Selon ses dires, il a été piqué une cinquantaine de fois ce matin-là.
L’apiscope au microscope
♦ Concepteur et installateur : Jean-Pierre Martin
♦ Essaim d’origine fourni par Gilbert Martin président du Syndicat d’Apiculture du Gard
En ce mercredi matin l’activité dans la classe de Segpa était aussi intense que dans une ruche. Un panneau en bois a remplacé une vitre de la fenêtre. On y a percé un trou par lequel un tube transparent relié à l’apiscope sert de sas aux abeilles pour s’envoler à l’extérieur ou pour rentrer à la ruche chargées de pollen.
La ruche vitrine est spécifiquement dessinée pour pouvoir être installée en toute sécurité en milieu scolaire, avec un verre sécurité.
Elle est faite de différents bois (chêne rouge, tilleul, Douglas, hêtre).
Pour protéger les abeilles de la chaleur du soleil et leur préserver un peu d’intimité, un isolant est fixé de chaque côté et n’est retiré que pour l’observation.
Du sirop de sucre sera placé dans un nourrisseur sur l’apiscope, histoire de lancer l’activité de ces dames au démarrage. Elles viendront se servir en sucre déposé sur les petits cailloux le temps de prendre leurs repères et de trouver de quoi butiner dans l’environnement du collège.
En revanche pas de récolte de miel prévue. Les abeilles jouiront pleinement du fruit de leur travail.
Un nourrisseur a été placé sur la ruche
L’installation de l’apiscope
Une fois les derniers ajustements effectués dans la classe et avant de l’y installer définitivement, on a ressorti l’apiscope afin d’y faire rentrer la colonie qui patientait dans une ruchette à l’extérieur. Un apiscope qui pesait « un âne mort ». Deux Martin se sont alors donné la main pour le porter, Jean-Pierre et Gilbert, ce dernier ayant d’ailleurs pris une part active à l’installation durant toute la matinée.
Et devant un parterre d’élèves et de personnalités triées sur le volet, les choses sérieuses ont commencé. Une fois la ruchette ouverte et retiré les cadres chargés d’abeilles, Jean-Pierre Martin a fait migrer le gros de la troupe vers l’apiscope où il s’est engouffré « dard dard » par l’ouverture. Surtout après que la reine eut elle-même intégré ses nouveaux quartiers.
Cerise sur le pot de miel, les bestioles, douces comme des agneaux, ont même permis au public de les prendre en main le temps de leur déménagement.
Un essaim de personnalités
Ce n’est pas tous les jours que les abeilles font leur rentrée au collège. L’événement était suffisamment important pour que soit présent bon nombre de personnalités.
- Henri de Fortis le principal du collège ;
- Gilbert Martin le président du Syndicat d’Apiculture du Gard ;
- Bernard Muzeaux de l’association saint-geniéroise Amphore (mise en valeur du patrimoine, de l’histoire et de l’environnement de Saint-Geniès). Ancien apiculteur il supervisera l’apiscope à Frédéric Desmons. Il organise aussi des sorties en garrigue avec les élèves, dans le but de leur faire découvrir la botanique et le patrimoine ;
- Émile Monjiols de Amphore ;
- Maurice Rouvière, apiculteur de biodiversité, conférencier et créateur de l’association Abeille et Sagesse ;
- Thierry Mellarède délégué cantonal MSA ;
- Régis Bardera du Conseil Départemental du Gard (responsable Projet Jeunes avec la CAF et la MSA) ;
- Des élus de Saint-Geniès (Nathalie Copetti et Corinne Rouy Bort, conseillères Environnement), de Montignargues (Véronique Poignet-Senger, Marie-Ange Wuathier, Olivier Détrès apiculteur lui-même), de Moulézan (Pierre Lucchini qui représentait l’Agglo de Nîmes), de Saint-Mamert (Serge Rouvière) et de Fons (Maryse Giannaccini).
Les partenaires du projet
Partenaires financiers
- Nîmes Métropole ;
- CAF du Gard* ;
- Conseil Départemental du Gard* ;
- MSA* ;
- Communes de Fons, Saint-Mamert, Montignargues.
* Financement global des trois collectivités à hauteur de 2000€.
Partenaires pédagogiques et institutionnels
- Syndicat d’Apiculture du Gard ;
- DSDEN du Gard, Nîmes 2 ;
- Mairie de Saint-Geniès ;
- Association Amphore ;
- Association Abeille et Sagesse.
À découvrir ci-dessous l’installation de l’habitat des abeilles dans une classe du collège Frédéric Desmons.