En route vers les carrières antiques du bois des Lens
Les Fonsois ont de la chance. Ils font quelques pas et ils se retrouvent dans le bois des Lens.
Le bois des Lens est propice à de nombreuses excursions enrichissantes, à une simple évasion, à des dépassements de soi si on est sportif, ou à des retours vers le passé.
Le célèbre Fonsois aux multiples passions Saturnin Garimond consacra d’ailleurs son existence à l’explorer et à en découvrir les innombrables trésors (paléontologiques, archéologiques, botaniques). Il arpentait inlassablement le bois sur son vélo.
Car en ce qui concerne le passé le bois des Lens a beaucoup d’histoires à raconter, notamment avec les carrières romaines antiques qui jouent à cache-cache entre les chênes verts..
Le spécialiste des carrières antiques du bassin méditerranéen Jean-Claude Bessac a ainsi remis au jour la carrière romaine dite carrière de Mathieu, une des plus imposantes de ce poumon vert. Elle était totalement invisible du fait de la terre, des cailloux et de la végétation qui la comblaient.
À noter : sur les 19 points d’extraction que Jean-Claude Bessac a repérés dans le bois, 15 ont formellement été identifiés comme étant antiques.
Ce mardi 19 avril 2022 c’était au tour d’une cinquantaine d’élèves de CM1/CM2 de l’école primaire de Fons de partir en expédition, à l’assaut des carrières romaines dont la visite se mérite. Car il faut marcher pour les atteindre. Autrement dit dépenser de l’énergie.
Cela tombait bien puisque le mot d’ordre de cette journée était «Bougez Vivez» avec le GDBV, un événement national qui se déroule chaque année durant un mois, entre mars et avril.
Le GDBV consiste à pratiquer chaque jour pour les enfants des activités physiques, de quelque manière et en quelque lieu que ce soit, afin d’apprendre à préserver sa santé.
Pourquoi donc ne pas faire d’une pierre 2 coups pour les petits Fonsois, en se rendant à pied sur les sites de quelques-unes de ces carrières antiques ? Car tout en faisant fonctionner les jambes ça permettait aussi de se remplir la tête.
D’autant plus qu’ils avaient déjà exploré les arènes de Nîmes. « Une bonne façon de faire le lien et de créer un projet pédagogique autour de la romanité » a souligné Marianne l’institutrice.
6 carrières romaines antiques (sur les 17 que compterait le bois) ont ainsi été visitées. Les élèves ont quitté le village vers 10h pour y revenir vers 17h30, en effectuant un périple de 13 km. Ils étaient encadrés par les enseignants Marianne, Stéphane et Laure ainsi que par les Fonsois Luis Ferrer et Gilbert Casas. Ce dernier, autre passionné du bois, a assuré la visite guidée.
Gilbert a partagé ses connaissances avec un jeune auditoire visiblement très intéressé. Comme ci-dessous à la carrière de Bone ou à celle de la Figuière.
« Il faut imaginer des lieux grouillant de vie sociale à l’époque de l’exploitation par les Romains, avec tout ce qui était en lien avec le travail d’extraction de la pierre.
Tout le monde vivait sur place et il fallait donc aussi assurer l’alimentation des travailleurs. «
Les carriers côtoyaient plusieurs corps de métiers, comme des charretiers ou des forgerons.
Les ruines de la forge sont d’ailleurs toujours présentes à la carrière de Mathieu.
Mais dans cette même carrière, le puits n’a pas de caractère antique. Il a été bâti fin XIXème/début XXème, à la reprise de l’exploitation du site. Les eaux de ruissellement s’y déversaient par le biais d’une rigole taillée dans la roche.
Les Romains quant à eux stockaient l’eau dans un dolium.
Dans ces lieux véritables témoins du passé, les signes d’une activité intense sont donc encore visibles. On travaillait avec l’escoude pour calibrer la taille des blocs, dans lesquels on plaçait aussi des coins imbibés d’eau afin de les sortir en faisant éclater la roche.
Traces d’escoude et d’emplacements de coins.
Cette belle pierre calcaire des Lens était principalement réservée à la réalisation d’œuvres avec un ornement fouillé, car sa constitution permet de travailler finement et en profondeur. Elle partait vers Arles ou Beaucaire avant d’être exportée vers des sites de construction tout autour de la Méditerranée. Mais à Nîmes elle a bien entendu été utilisée pour tous les ornements des arènes, de la Maison Carrée et du temple de Diane.
À noter : ce sont par contre les pierres extraites des carrières de Barutel, de Roquemaillère, de Sernhac ou de Beaucaire qui ont servi à la construction de ces mêmes monuments nîmois.
L’idée de ce parcours santé/instruction a été proposée par Gilbert et les enseignants qui ont soulevé le fait que parmi les enfants habitant à proximité, tous ne connaissent pas forcément l’existence de ces témoignages de l’histoire de la région.
La carrière de Mathieu a été le théâtre de la pause pique-nique de la mi-journée, le temps de reprendre des forces pour poursuivre la visite.
Toujours dans le cadre du GDVB, 2 autres classes de CM1/CM2 ont également été conviées à découvrir les carrières romaines du bois des Lens le vendredi 22 avril.