SAINT-MAMERT DU GARD | Le faiseur de miracles
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M. Roux avait le don de guérir

Robert Gaussen centenaire

Robert Gaussen est né en 1919 à Saint-Mamert du Gard.

 Il est long le fil de l’histoire quand on a 100 ans et des souvenirs plein la tête ! Mais certains ont laissé des empreintes plus marquées que d’autres dans la mémoire de notre centenaire.

Ainsi ce fameux M. Roux, guérisseur à Alès, et qui impressionna fortement Robert Gaussen.

Des guérisseurs pour médecins

Les temps changent mais les douleurs physiques continuent bien souvent de la même façon d’empoisonner la vie des gens. Aujourd’hui on va en priorité chez le médecin. Avant on allait surtout chez le guérisseur.

Faiseurs de miracles ou charlatans, ils ont en commun de porter une réputation colportée de bouche à oreille, faite par leur patientèle de « tamalous« . Ils ont aussi parfois en commun de détenir des records de patience dans leurs salles d’attente.

C’était le cas pour M. Roux. Ce cheminot à la retraite était, selon Robert Gaussen, une locomotive de la guérison. Il avait la réputation de remettre surtout sur les rails bon nombre de personnes en souffrance que la médecine classique abandonnait sur le quai. Restait alors à tenter le guérisseur, on n’avait rien à perdre.

Un vrai guérisseur

Soixante dix ans après, Robert Gaussen se souvient du regard particulièrement bleu et pénétrant que M. Roux posait sur chaque visiteur. « Il tutoyait tout le monde. Il passait ses mains à distance de la tête aux pieds et s’arrêtait là où était le problème. »

Le guérisseur officiait dans un café en face de la gare d’Alès. Il y avait chaque jour plus de 100 personnes à attendre leur tour. Il fallait prendre un ticket.

La tenancière de l’établissement faisait circuler tout ce beau monde en appelant les numéros au fur et à mesure. On restait là des heures, jusque tard dans la nuit.

Inutile de préciser que ladite tenancière y trouvait aussi son compte. Car pour patienter il n’y avait que les consommations.

Quant à notre retraité des chemins de fer, menait-il grand train de vie ? Absolument pas. C’était quelqu’un de très simple. Il n’imposait aucun tarif pour ses services. « On donnait ce qu’on voulait ou plutôt ce qu’on pouvait. » Un vrai guérisseur quoi !

Le guérisseur recevait à Alès

Un clairvoyant

L’œil de lynx décelait aussi les ennuis de santé des accompagnants qui se tenaient pourtant discrètement en retrait durant la consultation.
– Et vous madame ?
– Moi ça va, j’accompagne simplement cette dame.
– Ça va ? N’empêche que vous feriez mieux de faire enlever ce kyste qui vous cause chaque mois bien du souci.
Un diagnostic qui sera confirmé 20 ans plus tard, alors que la personne subissait une opération chirurgicale et où le kyste en question fut découvert et enlevé.

guéri par le guérisseur

La 2ème guerre mondiale venait de prendre fin, l’essence était rare. Robert Gaussen proposa un jour d’accompagner à la gare de Fons/Saint-Mamert des Saint-Mamertois (la mère et le fils). « Je n’avais pas de quoi les conduire jusqu’à Alès« .

il leur avait en effet parlé de M. Roux, le faiseur de miracles.

Car l’état du fils, âgé d’une trentaine d’années, se dégradait chaque jour un peu plus. « Il ne pouvait plus marcher et souffrait terriblement. À l’hôpital militaire du Val de Grâce à Paris, on lui avait dit qu’il n’y avait rien à faire. »

Croire ou guérir, difficile de choisir

Car ces Saint-Mamertois n’étaient pas des citoyens lambda. Ils étaient la femme et le fils d’un certain général lui-même sous les ordres d’un célèbre maréchal. Le général en question avait résidé un temps à Saint-Mamert. Y demeuraient encore son épouse et ses enfants. Autant dire que tout avait été fait pour découvrir de quel mal souffrait le jeune homme et pour tenter de le soigner.

Mais la famille refusa l’offre poliment. Très croyante, elle ne concevait pas l’idée qu’un simple mortel puisse réaliser un tel miracle, celui d’apporter la guérison là où le corps médical avouait son impuissance. Il était inimaginable qu’elle place ses espoirs dans les mains de cet homme.

Aussi notre actuel centenaire s’étonna-t-il quelques jours plus tard de voir le fils passer dans la rue au bras de sa mère !

Le miraculé d’alès

Ils n’avaient accepté son offre mais ils s’étaient ensuite débrouillés pour rencontrer aussi discrètement que possible M. Roux à Alès. L’expédition ne fut pas des plus simples. Car à l’aller la mère dut pousser et tirer  son fils juché sur un vélo jusqu’à la gare de Fons (3/4 km). Ce dernier était en effet incapable de pédaler et encore moins de marcher.

Ce qui n’était déjà plus le cas en sortant de chez le guérisseur. « C’est un vrai miracle M. Gaussen ! « 

Comme quoi à cette époque-là pour obéir à l’injonction biblique « Lève-toi et marche » et voir des miracles, on n’était pas obligé d’aller jusqu’à Lourdes. Il suffisait de se rendre à Alès auprès de M. Roux.

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