Parignargues | Un loup apiculteur
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La Reine et le loup

Parler de reine quand on est apiculteur, c’est normal. Mais quel lien y-a-t-il entre un loup et des abeilles ? Puisqu’Étienne Carrère a en effet baptisé du nom de La Reine et le Loup son entreprise apicole.

Finalement, en voyant les yeux d’Étienne, on comprend que le loup c’est lui ! Son regard bleu acier rappelle incontestablement celui de l’animal qui croqua sans état d’âme un certain Petit Chaperon Rouge, après l’avoir enrobé de propos mielleux.

yeux de loup d'un apiculteur

Mais le choix d’un tel nom ne s’arrête pas là, car il y a par ailleurs d’autres similitudes. Comme celle qui existe entre le loup et l’abeille, victimes tous deux des agissements de l’homme selon Étienne.

Devenir apiculteur professionnel

Venant de Sommières, Étienne et Émilie se sont installés à Parignargues en 2021. Dix ans auparavant ils avaient quitté Paris (où ils exerçaient le métier de graphiste). Ils passèrent quelques années dans le Gers avant de rejoindre le Gard. À croire qu’ils avaient sacrément le bourdon puisque la mouche qui les piqua les fit tout plaquer pour s’éloigner à tire d’ailes de la capitale.

« On en avait marre de cette vie. On avait la volonté d’en changer et l’envie de voyager. Alors on est partis.« 

Mais étant donné qu’on ne s’improvise pas apiculteur du jour au lendemain, quelques explications s’imposent.

Comment devient-on apiculteur ?

Étienne a depuis toujours une passion pour l’apiculture et conservait en tête l’idée d’en faire un jour sa profession.

« J’ai fait beaucoup de saisons chez un apiculteur du Gers. De stages en formations je me suis formé au métier d’apiculteur professionnel. C’est avec les 5 ruches que m’avait données un apiculteur que j’ai créé mon entreprise à Bassoues dans le Gers en 2017. J’en possède aujourd’hui près de 200. »

Pourquoi devenir apiculteur ?

  • parce que c’est un travail en corrélation directe avec la nature ;
  • parce qu’on est son propre patron ;
  • parce que le travail n’est pas monotone, avec une année partagée en deux : une saison pleine où l’on est à fond et une saison basse qui permet de souffler un peu.
Apiculteur et ruches

Le Travail d’apiculteur producteur récoltant

« En pleine saison, le travail de l’apiculteur est très physique. Il y a beaucoup de choses et de manutentions à faire. Cela débute aux premières transhumances du printemps, se poursuit avec chaque floraison pour laquelle on veut faire du miel, jusqu’au rapatriement des ruches en octobre (où a lieu la dernière miellée de l’arbousier, qui permet en même temps aux abeilles de refaire des provisions pour l’hiver). Tout cela entrecoupé des récoltes, du travail en miellerie et de la gestion du matériel.

Puis l’année se termine avec les ultimes traitements* pour la santé des ruches, donnés au mois de décembre. »

* Avec des produits respectant  l’abeille.

Transhumer

Les transhumances commencent donc à la fin de l’hiver en direction de différents emplacements de pollinisation.

À noter : toutes les exploitations qui font appel aux services de pollinisation accueillent entre 2 et 5 ruches à l’hectare suivant la culture.

C’est ainsi que, transportées de nuit dans leurs habitacles dès le mois de février, les abeilles deviennent de grandes voyageuses en plus d’être des butineuses. Elles bourdonnent alors tout en s’en donnant à cœur joie sur les cultures ayant besoin d’être pollinisées.

  • les abricotiers ;
  • les cerisiers ;
  • les amandiers ;
  • les pommiers :
  • les melons ;
  • etc.
abeilles sur amandier en fleurs

Une fois installées sur leurs lieux de villégiature, on laisse grossir les colonies qui ne sont pas très denses au moment de cette transhumance de printemps, car pas encore sorties de l’hiver,

On ne met donc pas de hausses dans les ruches, puisque les abeilles sont avant tout occupées à faire croître leur population. La production viendra plus tard. Et les contrats de pollinisation peuvent s’échelonner jusqu’à mi-juillet.

Du printemps jusqu’à l’automne, le choix des lieux de transhumance des ruches de production de miel dépend par ailleurs des miels que l’on veut obtenir :
♦ miel de garrigue ;
♦ miel de lavande ;
♦ miel de châtaignier ;
♦ miel de bruyère ;
♦ miel d’acacia ;
♦ etc.

La saison dite pleine n’est donc pas synonyme de repos puisque le travail de miellerie, qui bat son plein en cette période, vient s’ajouter à celui de transhumance.

Veiller sur ses abeilles

Les apiculteurs sont confrontés d’année en année à la disparition de leurs abeilles. Les raisons en sont multiples et pas forcément simples à solutionner.

  • En apiculture, le varroa est le facteur le plus destructeur au monde.
  • Les pesticides et tous les produits phytosanitaires présents dans l’environnement sont liés à la disparition de l’abeille. Y compris les produits vétérinaires que l’on peut retrouver, par exemple, dans les bouses de vaches.
  • La menace du frelon asiatique est bien là mais reste aléatoire en fonction des années et des emplacements de ruches. Ainsi a-t-on pu constater dans le Gard une diminution des populations en 2021, contrairement à 2020.

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nid de frelons asiatiques

À noter : le gel est l’ennemi du frelon asiatique car les fondatrices descendent dans la terre pour hiberner. D’où une extermination naturelle possible en hiver. Celui de 2021/2022 a connu une période de gel assez longue. Le printemps déterminera finalement si les fondatrices frelon en ont été impactées.

Limiter l’essaimage

Avec l’arrivée du printemps, chez les abeilles les reines se mettent à pondre et le nombre de  locataires grimpe alors en flèche dans les ruches. C’est à ce moment-là qu’on assiste à l’essaimage, autrement dit la formation d’essaims qui quittent la ruche pour fonder ailleurs de nouveaux groupes d’individus autour d’une reine.

À cela 3 raisons :

1°) La surpopulation : les abeilles se sentent à l’étroit.

2°) Une reine trop vieille : elle doit quitter sa ruche car elle est remplacée par une plus jeune.

3°) Des reines en surnombre : quand il y a trop de monde dans la ruche, les abeilles décident d’élever des reines. Or quand elles naissent toutes en même temps, elles sont obligées d’évacuer les lieux, en entraînant avec elles une partie du cheptel. La ruche ne peut en effet abriter qu’une seule reine.

Mais si récupérer un essaim en transit est une chance pour tout apiculteur, ça l’est moins pour celui qui voit disparaître dans la nature une partie de son outil de travail. Outil dans lequel il a investi du temps et de l’argent. D’où certaines mesures à prendre pour tenter de limiter l’essaimage.

C’est le rôle de la division.

  • Il s’agit de mettre ou d’enlever des cadres (rayons) dans la ruche pour optimiser l’espace en rapport avec le développement de la population ;
  • On enlève les cellules royales pour empêcher la naissance de reines puisqu’il ne doit y avoir qu’une seule reine par ruche. S’il y en a plusieurs, c’est un problème que les abeilles règlent en essaimant.

C’est ainsi qu’au printemps, durant tout le mois de mai en particulier, il est nécessaire de redoubler d’attention en gardant un œil à l’intérieur des ruches afin d’ôter aux fameux insectes porte-aiguillon tout désir de migration.

Une Apiculture en mutation

« Dans les années 50-60, c’était une apiculture de récolte. Les propriétaires ne s’occupaient pas de leurs abeilles, ils laissaient faire la nature. Mais maintenant c’est plus compliqué car il y a moins de miel qu’avant. Aussi l’apiculteur doit-il être un acteur majeur dans la gestion de ses ruches si il veut récolter suffisamment. Cela demande beaucoup d’interventions et donc plus de risques de se faire piquer. D’où la création d’abeilles dites « douces » à partir de races existantes. Mais si les abeilles douces piquent moins, certaines sont aussi moins résistantes et sont plutôt du style cigales car il faut les nourrir en hiver. Elles font en effet moins de provisions. »

nourrissage d'abeilles en apiculture

C’est pour cela que le choix d’Étienne s’est porté sur une abeille de style fourmi. Car sa Carnica, qui arrive de Slovénie et résiste donc bien au froid, sait gérer ses provisions. Ce qui fait qu’en cas de disette on doit moins la nourrir.

Et la Carnica contrôle également mieux sa reproduction en fonction des aléas climatiques, contrairement à d’autres races qui sont plus prolifiques qu’elle. Il est donc moins facile de nourrir ces dernières lorsque leurs provisions viennent à manquer.

En Connaître un rayon

Être apiculteur, c’est savoir observer et anticiper tout en étant soumis aux aléas de la nature et aux risques qui en découlent. Chacun ses stratégies, chacun sa technique, il est finalement conseillé d’en connaître un sacré rayon pour être un bon apiculteur.

Car les problèmes ne manquent pas.

Floraison trop hâtive = risque de gel et donc destruction des fleurs = manque de nectar pour les butineuses.
Manque d’eau = mauvaise miellée. Car c’est l’eau qui fait la fleur et la fleur qui fait le nectar. Tout est lié.

« Passé juin dans notre région, les abeilles ne fabriquent plus de miel, étant donné qu’il fait trop chaud et trop sec. C’est la raison pour laquelle je déplace mes ruches en montagne où il fait plus frais (sur le Ventoux par ex.) ou en Camargue où il y a davantage d’humidité. »

C’est ainsi que, dans le but de faire une récolte de miel conséquente et de qualité, les ruches d’Étienne voyagent. On les trouve de Parignargues au plateau de Sault, en passant par Vic-le-Fesq, Junas, Saint-Hippolyte-du-Fort, Ganges, les Cévennes, la Lozère, l’Ardèche ou la Camargue.

Autour de Parignargues l’apiculteur est en recherche permanente de sites pour installer ses butineuses (à Gajan, à Saint-Mamert, en garrigue, etc.)

Ne pas hésiter à le contacter dans ce but.

Ses activités

Pour vendre sa production Étienne l’apiculteur faisait jusqu’à présent les petits marchés. Mais il juge cette pratique trop chronophage, trop énergivore et peu rentable pour le résultat obtenu.

Il participe néanmoins au marché de Villevieille le jeudi soir de 18 à 20h.

Il privilégie donc désormais les boutiques aptes à écouler son miel, les salons de terroir ou tout autre évènement.

Il prospecte surtout pour développer le dépôt vente en boutique. C’est ainsi qu’il est possible de se procurer le miel en provenance directe de ses ruchers à Aigues-Mortes (El Toro), à Sommières (Demain sur Terre), à Nîmes (Chez Sophie),  à Saint Bauzille de Montmel (Pic en Vrac), à Montpellier (ChicCheapConceptStore) et à Congénie (Épicerie de la Gare).

Le dépôt en boutique devrait s’étendre à la Vaunage.

Le projet d’Étienne ? Accueillir à terme sa clientèle dans sa propre boutique, à Parignargues.

La Reine et Le Loup propose :

  • de la vente d’essaim ;
  • de la pollinisation ;
  • de la vente de miel au détail, en semi-gros et en gros ;
  • de la propolis.

Contact 06 78 95 91 28
etiennecarrere@gmail.com

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