Saint-Mamert du Gard | En route pour l’estive 2021
échos de
leins gardonnenque
Un œil pour
écouter la région

126 km dans les pattes

Fidèle au rendez-vous fixé, la transhumance du berger Dimitri a pointé son museau avenue de la Gare à Saint-Mamert le mercredi 9 juin 2021, avant de traverser le centre du village et de s’éclipser en direction de Robiac et de Moulézan.

Parti de la bergerie du Clos Gaillard route de Nîmes vers 9 h du matin, le troupeau est d’abord passé par Gajan avant de fouler 3h plus tard le bitume de Saint-Mamert de ses 1760 sabots.

Transhumance à Saint-Mamert du Gard

Une transhumance de tradition

1760 sabots puisque la transhumance de Dimitri, c’est 440 brebis qui rejoignent à pattes le lac des Pises dans les Cévennes pour y prendre leurs quartiers d’été.

Le dimanche 13 juin à midi, elles feront une petite halte à la 29ème Fête de la Transhumance à l’Espérou, avant d’effectuer jusqu’au lac la dernière étape de leur voyage en fin d’après-midi. Là elles pourront ensuite se remplir la panse tout l’été, avant de redescendre en camion. Car on sait que les km à pattes, ça use les sabots.

Mais d’ici-là les vaillantes brebis auront parcouru 126 km en 5 jours, avec une moyenne de 20 à 25 km/jour. Soit 3/4 km à l’heure.

Pourquoi continuer à faire la transhumance à l’ancienne, quand d’autres éleveurs la font désormais en camion ?

Parce que le berger veut perpétuer la tradition et maintenir les coutumes. D’autant plus qu’il souhaite faire découvrir la race cévenole Raïole qui constitue son cheptel. Elle est en voie de disparition, avec à peine 3000 têtes en France.

Transhumance à Saint-Mamert du Gard

En ce jour de juin la cadence allait bon train. Pour Dimitri la météo était au top, avec un grand soleil rafraîchi par un petit vent. « Les brebis marchent mieux dans ce cas-là puisqu’elles ont moins chaud et moins soif.« 

Ces dames se sont d’ailleurs payé le luxe de snober le griffe de Saint-Mamert, qui leur faisait pourtant de l’œil au passage.

« Elles ont bu à la bergerie avant de partir, puis à Gajan, et elles boiront encore dans une combe du bois des Leins avant d’arriver ce soir à Moulézan. »

Contrairement à l’an dernier le troupeau n’était pas en deuil. En plus des sonnailles qui rythmaient la marche pour le plaisir des oreilles, les pompons multicolores accrochés aux toisons régalaient les yeux.

La transhumance de Dimitri Servière, c’est un beau spectacle que les enfants aussi auront eu la chance de voir passer (puisque c’était mercredi) à travers quelques villages de Leins Gardonnenque, avant de s’attaquer aux Cévennes.

La famille et les amis viennent chaque année donner un coup de main à celui qui organise cette grande migration. Ainsi Thibault est lui-même éleveur, en passe de constituer son propre troupeau de race Mérinos à Meynes.

Une fois passé Saint-Mamert, c’était le moment mérité du repos sur le chemin de Robiac, avec la halte de la mi-journée qui dure entre 4 et 5 h (avant de poursuivre vers Moulézan, rejoint en soirée et toujours en suivant des drailles).

Et ce fut alors le bonheur total pour les brebis qui se sont mises à table dans les hautes herbes parmi les fleurs  avant de se mettre à l’ombre, toujours en troupeau bien entendu.

Car les estomacs ne sont pas oubliés sur le parcours. Pour les uns l’intendance suit avec le « camion balai » qui assure les repas. Pour les autres des pauses casse-croûte herbe fraîche sont autorisées sur des parcelles, par des propriétaires.

Le casse-tête de Dimitri

Mais le berger a un problème.

« Le siège de mon exploitation se trouve sur un domaine appartenant à Nîmes Métropole. Or c’est un bail précaire qui prend fin en 2024. D’où la nécessité de trouver rapidement un terrain permettant la viabilité de mon projet d’installation.« 

Dimitri souhaiterait s’installer à Caveirac, son village natal. Mais il y est selon lui très difficile d’acquérir des terres agricoles.

« Il y a de plus en plus de zones protégées pour la préservation de l’environnement et de la biodiversité, quand les terrains ne sont pas réservés au développement de l’urbanisme (qui ne fait pas non plus bon ménage avec la création d’un élevage ovin).« 

L’éleveur est donc en recherche d’une solution, car il est hors de question pour lui de se séparer de son troupeau.

Pour contacter Dimitri 06 71 27 07 63

Partager

Partagez cet article sur Facebook ou Twitter pour en faire profiter vos amis