Saint-Mamert du Gard | Troupeau en marche
échos de
leins gardonnenque
Un œil pour
écouter la région

5 jours à patte pour aller chercher l’herbe verte

« Je suis un berger heureux et fier de faire le plus vieux métier du monde !« 

La transhumance de Dimitri Servière a de nouveau traversé le village au pas de course le vendredi 10 juin 2022. Tout juste le temps pour les spectateurs au bord de la route (parmi lesquels des enfants qui sortaient pile poil de l’école) d’admirer le spectacle coloré des « tatouages«  et des pompons dont ces dames s’étaient parées pour l’occasion.

Chaque éleveur personnalise la forme et la couleur du marquage de ses bêtes, histoire de reconnaître son bien lorsque vient le moment de le récupérer. Car durant leur villégiature estivale, les brebis se mélangent avec les copines de plusieurs troupeaux, tous gardés par un berger unique.

brebis en transhumance

« Elles connaissent le chemin, à force » déclare le berger. Cela fait en effet des années qu’il effectue sa transhumance annuelle vers les Cévennes en suivant le même itinéraire. Sous la houlette de Dimitri, elle est réglée comme du papier à musique au son de celle des sonnailles. Et rien n’arrête un troupeau en marche, pas même le facteur.

La transhumance passe à Saint-Mamert

Parti vers 9h de la bergerie de Tinel sur le domaine de Vallongue (propriété de Nîmes Métropole) à proximité du parcours de santé le Clos Gaillard, le troupeau a traversé Gajan vers 11 h avant d’atteindre Saint-Mamert à midi. Le village de Moulézan, rallié vers 21h30, est l’étape finale en Leins Gardonnenque. Moutons et accompagnateurs y passent la nuit avant de poursuivre la route.

À noter : le bail précaire avec l’Agglo de Nîmes prenant fin en 2024, le berger est à la recherche d’un terrain permettant la viabilité de son projet d’installation, idéalement sur Caveirac.

« En attendant, j’espère obtenir cet hiver l’autorisation de paturâge en garrigue, toujours sur la commune de Caveirac, une autorisation que j’ai demandée il y a plus d’un an. Cela permettrait un entretien naturel et la lutte contre les incendies. Il est d’ailleurs incompréhensible que je n’arrive pas non plus à obtenir une autorisation de pâturer sur les 35 ha du domaine de Cheylon à Saint-Cézaire à Nîmes, une autre propriété de l’Agglo qu’il faudrait pourtant entretenir aussi. Car avec des herbes de plus de 30cm de haut, le feu y progressera très rapidement en cas d’incendie. »

Pourquoi transhumer

Dans nos régions c’est une nécessité pour les éleveurs. L’herbe devient sèche en été, comme partout ailleurs dans le Sud. (Le berger s’inquiète d’ailleurs d’une sécheresse de plus en plus précoce). Il faut donc aller rechercher de l’herbe verte en montagne tout en faisant bénéficier les bêtes de la fraîcheur de là-haut.

Dimitri Servière choisit les Cévennes, mais d’autres partent en direction des Alpes, cette fois en camion bien sûr.

C’est le cas de Thibault qui donne également la main à la transhumance ce vendredi 10 juin. Il vient de s’installer à Meynes avec un troupeau de 250 brebis Mérinos d’Arles. Ses bêtes ont rejoint la Savoie il y a quelques jours.

Pause en transhumance

De g. à d. Thibault et Dimitri

Focus sur La transhumance de Dimitri

  • But final : le lac des Pises sur la commune de Dourdies ;
  • 410 bêtes, de race Raiole* ;
  • 126 km de trajet ;
  • 5 jours de marche ;
  • 10 accompagnateurs ;
  • Nuits à la belle étoile et une « voiture balai » qui assure l’intendance en apportant les repas.

 

*À noter : la Raiole est en voie de disparition, il n’en subsiste plus que que 3000 individus dans le monde. En faisant cette transhumance à l’ancienne, le berger cherche également à faire découvrir le plus possible cette espèce au public.

La transhumance dans la convivialité

Une équipe de personnes proches de la nature, de l’élevage ou de la terre accompagne le berger. Comme Jacques, apiculteur à la Miellerie de Clairan qui participe la transhumance de Dimitri pour la 1ère fois.

Le discours est identique chez ces accompagnateurs : ils sont là pour aider le berger bien sûr, mais aussi pour « la découverte, les traditions, l’ambiance et la convivialité« .

Dimitri Servière en profite pour remercier au passage la bonne âme qui a eu l’idée de mettre une baignoire remplie d’eau sur le passage du troupeau à Saint-Mamert. Remerciements également pour les propriétaires terriens qui mettent des parcelles à disposition tout au long du parcours, afin de permettre aux bêtes et aux gens de faire une pause 4 à 5 fois par jour.

C’est le cas sur le chemin de Robiac, à l’heure du déjeuner une fois le village franchi. Tandis que les humains prennent un peu de repos et de forces autour d’une longue table, les brebis font la sieste à l’ombre, toutes regroupées  sous le couvert de quelques arbres.

pause déjeuner de la transhumance
transhumance
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Les Raiole ne participeront pas cette année à la 30ème édition de la fameuse Fête de la Transhumance en Cévennes. Y seront par contre mis à l’honneur Jean-Louis Boisson berger à Sumène et Damien Juan de Uzès.

Pour le retour en septembre, ces dames redescendront en camion. Car porteuses d’un heureux évènement il faudra leur éviter toute fatigue.

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