Fons Outre-Gardon | Les inquiétudes du président de la cave coopérative
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La vigne a soif

Lionel Puech a été nommé président de la cave coopérative de Fons en début d’année. Viticulteur à la Rouvière,  il est coopérateur et au conseil d’administration depuis 18 ans, comme son père l’était avant lui.

La cave est un domaine qu’il connaît donc bien. Mais en tant que président il avoue découvrir une nouvelle façon de l’appréhender en étant davantage présent et impliqué puisqu’il garde désormais en permanence un œil sur son fonctionnement.

Lionel Puech connaît bien la vigne

La cave coopérative de Fons regroupe 44 vignerons coopérateurs sur 390 ha de vignes entre Calvisson et Dions.

« La situation de l’établissement est saine, du fait de partenariats avec de grands groupes acheteurs depuis des années. Après la récolte de 2021, nous avons aussi développé un marché à l’export avec la Suisse et l’Allemagne, grâce auquel nous écoulons 1/4 des volumes de la cave.« 

Mais en ce mois de juillet 2022, de grosses inquiétudes pèsent néanmoins sur les épaules du président et de tous les coopérateurs. Car la vigne fait face à une sécheresse qualifiée d’historique par Lionel Puech, soit une sécheresse exceptionnellement précoce par rapport à la normale. « En général c’est au mois d’août que le manque d’eau devient problématique, mais cette année nous ne sommes qu’en juillet et le stress hydrique est déjà là.« 

La vigne mise à mal

Les vignerons étaient pourtant confiants, puisqu’après un débourrement dit normal (au bon moment), ils ont assisté à une accélération du cycle végétatif de la vigne après la floraison, ce qui laissait augurer une récolte de 30 000 hl.

Mais c’était  compter sans les aléas climatiques responsables de ce stress hydrique. Car ce dernier a provoqué la perte de l’avancée du millésime 2022, pourtant bien entamée après une belle sortie de grappes.

Les étapes de la vigne au sortir de la dormance :

  • le débourrement (éclosion des bourgeons) ;
  • la floraison ;
  • la nouaison (apparition des grains) ;
  • le grossissement des baies ;
  • la véraison (les raisins blancs passent du vert au blanc, les cépages noirs du vert au noir).
la véraison dans la vigne

La véraison  fin juillet dans la vigne

La viticulture reste en effet tributaire de la météo. C’est ainsi qu’à la cave le gel a été responsable de petites récoltes 3 années durant (20 400 hl en 2021). Et en 2022, une averse de grêle en juin suivie de la sécheresse de ce mois de juillet caniculaire contrarient des prévisions qui se voulaient optimistes.

Du coup les inquiétudes sont bien réelles concernant :

  • la quantité de raisin ;
  • la grosseur des baies ;
  • la maturité des grains.

Danse de la pluie dans les vignes

En période de sécheresse on observe une différence de l’état du vignoble selon les sols. Plus celui-ci est profond et mieux la vigne résiste. Mais la présence de roches accentue bien entendu le manque d’humidité, et la faiblesse de l’enracinement de la plante. D’où le jaunissement et la chute prématurés des feuilles.

sécheresse dans la vigne

Et si la vigne est naturellement moins demandeuse en eau, elle est quand même impactée par le changement climatique.

« Les catastrophes sont amplifiées. On ne voyait pas de telles sécheresses dans la région il y a quelques années, or cela est désormais régulier. Surtout lorsque l’hiver est avare en précipitations, tel l’hiver dernier. Les nappes phréatiques étaient déjà en déficit hydrique au printemps. Les forages sont à sec et il est impossible d’installer le moindre réseau d’irrigation, de goutte-à-goutte, sur le territoire du vignoble exploité pour la cave.« 

À part recourir à une hypothétique danse de la pluie au milieu des vignes, il ne reste plus à souhaiter qu’un arrosage providentiel tombe du ciel. Et rapidement de préférence.

« Mais pas trop fort et en plusieurs étapes de façon à ce que la terre puisse l’absorber, avec au minimum 40 mm d’eau en une seule fois » indique Lionel Puech. Un arrosage à la carte en quelque sorte.

Le sort de la vigne est donc actuellement entre les mains de la pluviométrie, qui décidera elle seule des suites à donner aux problèmes causés par la sécheresse. Car si certains plants pourraient repartir d’un bon pied une fois abreuvés, avec un grossissement des baies et une synthèse des sucres, quelques ceps stressés accusent déjà un début de défoliation. Aussi, avec ou sans pluie, la situation risque de demeurer compliquée pour eux.

Quant aux sangliers, déjà bêtes noires des viticulteurs, ils intensifient leurs dégâts dans les vignes en année sèche étant donné que les rivières sont à sec et que les fruits manquent sur les arbres. Ils trouvent alors dans les grains de raisin de quoi s’hydrater et se nourrir. C’est pourquoi de nombreux viticulteurs entourent désormais leurs parcelles de clôtures électrifiées. Une solution qui ne serait apparemment pas efficace à 100% selon eux.

sanglier dans les vignes

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