Le duo de campanistes exerce un métier ancien toujours d’actualité
Baptiste et Bruno sont campanistes. Ils montent à l’assaut des clochers pour sécuriser leur environnement et interviennent sur les cloches, les campaniles, les clochetons, les tours d’horloges, les paratonnerres, les cadrans d’édifices, etc. Ce jeudi 19 novembre, c’est la petite église de Saint-Cézaire de Gauzignan qui a bénéficié du savoir-faire des deux équilibristes.
Baptiste à gauche et Bruno à droite. Une équipe de choc pour intervenir sur le clocher de Saint-Cézaire de Gauzignan
Guérir une cloche en souffrance
Le temps est superbe en cette matinée d’automne. Les conditions sont donc excellentes pour cette intervention toujours hautement sécurisée. Car escalader les édifices en hauteur présente bien évidemment quelques risques.
Dans le Gard, il faut souvent sortir la grande échelle (jusqu’à 13 mètres) car les accès aux clochers et clochetons sont rares. Ce qui peut rajouter à la dangerosité des interventions, déjà périlleuses. « Ailleurs c’est plus simple en général indique Bruno, on peut y accéder par un escalier de l’intérieur de la bâtisse.«
Il faut d’abord sécuriser les accès avec des cordes et des échelles avant de commencer la restauration.
La cloche de l’église de ce petit village gardois date de 1869. Vu l’état du mécanisme, ordre était donné de ne plus la faire sonner. Il s’agissait donc de la sécuriser elle aussi en fluidifiant son balancement. Pour cela en changer les roulements après l’avoir déposée s’avérait nécessaire. Autrement dit une question de routine pour cette équipe de battants.
Les paliers en bronze de la cloche étaient auparavant incrustés dans du bois. Des roulements posés sur des platines métalliques les ont maintenant remplacés.
À l’assaut des clochers du grand Sud
Bruno et Baptiste font partie de la société Bodet-Campanaire (Ets Poitevin à Saint-Privat des Vieux avec la maison mère basée à Cholet). Ils sont habitués à voir tout le grand Sud de haut.
Une vigilance de tous les instants
À plusieurs mètres du sol il n’y a pas le droit à l’erreur car il s’agit :
- de marcher sur le faîtage des toitures, sur des rampants en ardoises, sur des tuiles et des gouttières,
- d’être confronté à des bâtis plus forcément bien bâtis,
- de ne pas être sujet au vertige.
Le plus dur ? « C’est pour les novices, quand il s’agit de revenir sur l’échelle. »
Intervention sur le temple de Parignargues en juin 2020
Les impondérables, des sources de danger
Les accidents sont rares mais se produisent quand même, comme de passer à travers une voûte avec plus ou moins de chance. Gare aux charpentes vermoulues et aux édifices en manque d’entretien et de restauration ! Car les catastrophes résultent souvent de circonstances imprévues comme :
- le matériel qui casse,
- un bâtiment en mauvais état,
- des planchers pourris,
- des escaliers enfouis sous la fiente des pigeons.
3 points essentiels
Les 2 campanistes se disent sensibles aux traditions et passionnés par leur métier (exercé depuis 40 ans par Bruno et 7 ans pour Baptiste). Mais ils sont qualifiés et touche-à-tout avant tout.
1 – Des tâches diversifiées
Être campaniste, c’est être à la fois :
- électricien,
- charpentier,
- maçon,
- cordiste,
- ferronnier,
- ect.
2 – De l’anticipation
On ne rigole pas avec des cloches de plusieurs tonnes. Il faut être habile et savoir anticiper.
La bonne entente pour ne pas dire la complicité dans l’équipe est fortement conseillée, voire indispensable.
3 – Des contrats avec les Communes
Les mairies passent des contrats avec la société Bodet-Campanaire. De ce fait un entretien annuel est fait par les intervenants. « Nous avons du travail toute l’année. »
Car les petites communes et les paroisses sont sensibles elles-aussi à l’entretien de leur patrimoine, comme à Saint-Cézaire de Gauzignan, ou à Parignargues quelques mois auparavant.
Des conditions de travail particulières
L’entreprise recrute en permanence puisque le travail ne manque pas, contrairement au personnel. Le métier est physique certes, il faut de plus être polyvalent et vouloir s’investir. Mais les déplacements permanents seraient-ils un frein supplémentaire ?
Quant à la crise sanitaire, pourtant loin de donner le bourdon à ces pros habitués à prendre de la hauteur, elle ne simplifie pas les choses.
« Le problème est que si les hôtels sont ouverts, ce n’est pas le cas des restaurants. On se débrouille en mangent dehors quand il fait beau ou dans le fourgon en cas de mauvais temps. Mais en déplacement, loin de chez soi, ce n’est pas toujours évident. »