Le confinement mauvais partenaire sur le tablao
Thierry Schimpf est d’origine alsacienne. Ce qui ne l’a pas empêché de percer dans une activité qui sent bon le soleil, la fête et la chaleur du Sud. Puisqu’avec son épouse Nines, il fabrique depuis 1998 des tenues et des produits de flamenco. C’est donc une atmosphère particulièrement colorée que l’on découvre en entrant dans le petit atelier de l’entreprise Tablao Flamenca à Saint-Geniès de Malgoirès.
Le flamenco ne fait plus recette
En ce mois de décembre, les tenues qui enflammeront le tablao dans les spectacles de flamenco attendent sagement sur les portants. Festive et colorée, l’ambiance est « caliente » malgré la température fraîche du dehors. Ne manquent que les guitares et les chants espagnols, rythmés par les mains qui tapent et les castagnettes qui claquent.
Pourtant Thierry a quelques sueurs froides car 2020 lui donne du fil à retordre. C’est ainsi que sur les 9 derniers mois, seul l’équivalent du chiffre d’affaires de 1 mois a été réalisé. Et la suite à venir semble cousue de fil blanc.
- un CA de 326€ seulement en novembre,
- des frais fixes qui continuent de tomber,
- un dossier de RSA déposé,
- ect.
À l’image de tant d’autres, les confinements successifs et les mesures sanitaires ont aussi confiné le gagne-pain des deux artisans, puisqu’avec la fermeture des écoles de danse ils ne peuvent plus travailler.
Tablao Flamenca habille les danseurs français de flamenco
Car Tablao Flamenca fournit la plupart des écoles de flamenco du grand Sud, voire du grand Sud Ouest (Toulouse, Bordeaux, Mont-de-Marsan). Y compris jusqu’à Brest et Nantes, où le célèbre claquement de talon andalou n’hésite plus à concurrencer celui des danses bretonnes des fest-noz.
Le couple ne fabrique plus mais l’atelier est rempli du stock réalisé entre les 2 confinements. Les sources d’inspiration sont variées. C’est ainsi qu’à Tablao Flamenca :
- on crée parfois en suivant l’idée en vogue du moment,
- on s’adapte quelquefois aux opportunités,
- on peut respecter aussi le modèle original déposé par le client. On s’engage alors à ne pas le reproduire pendant un an.
Chez les Schimpf on fabrique artisanalement et à la demande, pour adultes et enfants. La clientèle est ciblée et 95 % de la production part directement dans les écoles de flamenco.
En effet les ventes répondent essentiellement aux commandes de ces établissements. Elles peuvent aussi se faire accessoirement sur les marchés où Thierry plante son stand.
Il n’est donc pas indispensable pour Tablao Flamenca d’être présent sur le Net en temps normal.
La volonté de se battre
Or le temps est loin d’être normal puisqu’il n’y a plus d’activité depuis le mois de mars. Les époux en profitent du coup pour développer leur communication en créant un site Internet et une page Facebook.
Car Thierry est un battant. En bon Alsacien il se qualifie lui-même de « tête de mule » .
« C’est ce qui m’a sauvé il y a 2 ans alors que je combattais de graves problèmes de santé. Je m’en suis sorti grâce à ma volonté et l’amour pour mes petits-enfants. Il n’est donc pas concevable que je m’incline maintenant face à une telle situation et ce n’est pas ce virus qui m’arrêtera. »
L’espoir de la reprise
Il reste optimiste malgré tout et continue donc de s’impliquer à fond dans leur activité, bien qu’elle soit en difficulté. Une activité bien rodée où tout fonctionne pour le mieux avec des tâches bien réparties au sein d’un couple raccord: Thierry coupe et Nines pique.
Et outre l’expérience, ce ne sont pas les atouts qui leur manquent.
La tchatche sur mesure
Le bagou du Sud aurait-il favorablement contaminé l’Alsacien ? Car Thierry serait avant tout un super vendeur. « Nos prix défient toute concurrence avec un excellent rapport qualité/prix. » À croire en effet que les clients sont satisfaits puisqu’ils deviennent des amis.
La générosité
Le couple a aussi le cœur sur la main.
C’est ainsi qu’au 1er confinement il a fabriqué bénévolement entre 500 et 600 masques.
La motivation pour piqûre
Les kilomètres n’arrêtent pas le créateur de vêtements de danse qui embarque tout dans le fourgon dès qu’un festival de flamenco s’annonce. Tel celui de Mont-de-Marsan la première semaine de juillet chaque année, où il tient son stand 5 jours d’affilée. « C’est la Féria de Nîmes puissance 5. Toute la ville vit au rythme du flamenco, avec des scènes ouvertes et des spectacles partout.«
Le Médiogozin compte bien s’y refaire une santé professionnelle. Reste à espérer que la manifestation sera maintenue.
Mais en attendant, tout l’espoir des deux créateurs de tenues de flamenco repose sur la réouverture annoncée des salles de sport le 15 janvier 2021. « De janvier à avril on pourra travailler un peu avant que ne reprenne éventuellement la saison des festivals. »
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