Le « grand » cousin de Robert Gaussen
Robert Gaussen est né en 1919 à Saint-Mamert du Gard.
Il est long le fil de l’histoire quand on a 100 ans et des souvenirs plein la tête ! Découvrir un jour qu’on est cousin avec le général de Gaulle est aussi une sacrée surprise. « Je vous ai compris ! » aurait certainement répondu du haut de son mètre quatre-vint-treize le grand Charles, à Robert Gaussen.
Mais en quelles circonstances ? Remontons un peu le cours du temps…
Une Saint-Mamertoise à Bordeaux
Il semblerait que quelques années avant la Révolution française une certaine Anne Sophie Rose Gaussen, perchée sur une très haute branche de l’arbre généalogique de notre centenaire, quitta son village du Leins Gardonnenque pour monter non pas à Paris mais à Bordeaux.
Il est dit aussi que cette Saint-Mamertoise, à l’âme drôlement aventurière pour l’époque, s’adonnait à l’art de la miniature. C’est ainsi qu’elle entra à la maison du duc de Bordeaux qui s’entourait d’une sorte de cour pour se divertir, composée d’artistes et d’écrivains. Certainement un autre monde, bien loin de Saint-Mamert.
Mais la Révolution mit finalement un terme à cette période insouciante qui permit à la petite gardoise de s’amuser un temps dans la cour des grands.
C’est ensuite qu’advint l’époque de la Terreur et avec elle l’emprisonnement d’Anne Sophie à Bordeaux. Car il suffisait alors d’entretenir certaines relations pour être déclaré coupable d’un sacré paquet de crimes. Jusqu’à en perdre la tête.
Une issue heureuse
Il semblerait par ailleurs qu’à la même époque, un certain Jean Baptiste Philippe de Gaulle bénéficiait lui d’entrées à la cour de Louis XVI, dont nous connaissons tous la fin tragique. Le jeune de Gaulle y était avocat.
Le « ci-devant » Jean Baptiste Philippe de Gaulle se trouva donc lui aussi en fâcheuse posture et c’est à Paris qu’il fut emprisonné.
Par quel providentiel hasard ne furent-ils pas raccourcis tous les deux ? Mystère.
Comment se rencontrèrent-ils ? Autre mystère car il n’y aurait eu aucun lien entre leurs arrestations, intervenues qui plus est à des endroits différents.
Toujours est-il que l’issue fut heureuse puisque le 1er Août 1795 à Paris, Anne Sophie Rose Gaussen épousait l’avocat Jean Baptiste Philippe de Gaulle. Et elle dut même faire bouillir la marmite, son époux se retrouvant bien évidemment au chômage suite à la perte de son employeur.
C’est ainsi que trois générations plus tard naissait le petit Charles, descendant direct du couple. Un Charles qui deviendra très grand et qui disait d’ailleurs, en parlant de Jean Baptiste, qu’il était « son aïeul préféré » !
Charles de Gaulle pour cousin
Anne Sophie Rose Gaussen, apparentée à Robert Gaussen, est donc l’arrière grand-mère du général.
La conclusion de cette histoire s’imagine sans peine. « Il existe forcément un lien de parenté entre le général et moi, affirme Robert Gaussen. Nous sommes cousins. » Il décida donc d’écrire à la famille de Gaulle pour faire toute la lumière sur cette éventualité.
Charles de Gaulle ayant définitivement rendu les armes en 1970, c’est son fils, l’amiral Philippe de Gaulle, qui prit sa plus belle plume pour indiquer à notre centenaire que ce qu’il supposait était effectivement exact !
L’amiral ex-sénateur croulait littéralement sous un courrier qui avait fini par devenir incontrôlable. Mais « l’aimable lettre » qui lui avait été adressée depuis Saint-Mamert retint pourtant toute son attention et il finit par y répondre plusieurs mois après.
En priant par la même occasion son lointain cousin « d’agréer l’expression de ses sentiments déférents et très amicaux de parenté commune. »
À noter que Philippe de Gaulle suit de près Robert Gaussen en matière de record de compilation des années puisqu’il est né en 1921.
Et voilà comment une petite Saint-Mamertoise serait indirectement à l’origine d’une des pages les plus importantes écrites au cours de notre Histoire de France.