Les Massagues en lutte
À Montpezat les salariés de l’EAM Les Massagues (Établissement d’Accueil Médicalisé) ont décidé de constituer un piquet de grève devant le centre le vendredi 7 avril 2023.
Si l’ambiance était plutôt bon enfant autour du pique-nique partagé par la quarantaine de grévistes du médico-social qui se sont succédé durant plusieurs heures, les revendications n’en n’étaient pas moins appuyées face à une situation jugée alarmante depuis déjà trop longtemps. Des revendications auxquelles est venue s’ajouter l’opposition à la réforme des retraites.
- Non à la retraite à 64 ans.
- Amélioration des conditions de travail.
- Augmentation des salaires.
- Augmentation des moyens afin de répondre aux besoins des usagers.
- Réintégration immédiate des collègues suspendus dans l’Unapei 30.
- Le Segur pour toutes et tous (consultation des acteurs du système de soin français qui s’est tenue entre mai et juillet 2020)
Les Massagues comptent entre 65 et 70 employés pour une cinquantaine de résidents.
Manque de gratification et injustice
Le secteur social et médico-social accuse en effet un mal être de plus en plus perceptible, d’autant plus depuis la crise sanitaire de 2020.
Il souffre d’un manque de reconnaissance et d’une absence d’attractivité qui peuvent s’expliquer par des conditions de travail et des salaires loin d’être en adéquation avec les exigences de ce secteur professionnel, surtout lorsqu’il fait partie du privé comme à Montpezat. Depuis quelque temps on assisterait d’ailleurs à une migration du privé vers le public, qui répondrait désormais davantage aux attentes des salariés.
Olivier Donate, directeur général de l’Unapei 30, est venu se joindre au groupe des grévistes et se dit en accord sur le fond quant au sujet des revendications.
« Employeurs et salariés du secteur social et médico-social ont vécu une gestion de crise Covid particulièrement difficile, soumis à beaucoup d’obligations (dont la vaccination) face à un public fragile. Or une fois sorti de cette crise, on oublie les salariés au lieu de les gratifier. Cela est perçu comme une injustice. La fédération des employeurs et les syndicats se sont pourtant battus ensemble, mais la fameuse indemnité Laforcade de 183€ nets mensuels (*) n’est versée qu’aux soignants, soit 30% seulement des effectifs. De ce fait on oppose nos métiers, ce qui complique encore les choses »
(*) À noter : les salariés souhaiteraient que cette somme ne leur soit plus versée sous forme de prime mais fasse partie intégrante du salaire.
Professionnels et syndicats ont à nouveau fait front à la Conférence des Métiers 2022 selon Olivier Donate, afin d’inclure tous les travailleurs des métiers éducatifs, mais 30% des salariés demeurent exclus (comme les professionnels logistiques et administratifs qui ont pourtant été soumis aux mêmes obligations).
Pour Olivier Donate, l’enjeu est une convention collective unique afin de débloquer le Segur pour tous en 2023
« Je suis résolument inscrit vers l’amélioration des conditions de vie de nos salariés via cette nouvelle convention qui permettra de tourner la page des oubliés du Ségur »
Les travailleurs du médico-social veulent faire entendre leur voix
Mais la convention collective unique (de la Confédération Axess) est loin de convenir aux salariés concernés.
- 20% de la rémunération en fonction des diplômes.
- 80% « au mérite » (assiduité, enfant malade, maladie personnelle, missions complémentaires, bonne conduite, etc.).
- CT qui risquent fortement d’être supprimés (congés trimestriels : 6 par trimestre pour les soignants et infirmiers, 3 par trimestre pour les agents de service et administratifs).
Le maire de Montpezat, Jean-Michel Andriuzzi est venu sur place rencontrer les grévistes et partager avec eux un moment convivial « un soutien total et entier à ce piquet de grève« .
Des éducateurs spécialisés porte-parole de différentes organisations, étaient également présents sur les lieux du piquet de grève.
Personnel de l’établissement en grève et sympathisants ont posé ensemble pour la photo souvenir.