La taille de l’olivier pour les nuls ?
Certainement pas, car ils étaient loin d’être nuls en la matière ceux qui ont profité des conseils de Gilles Marcatand le samedi 13 mars à La Calmette. Il faut dire que cet « arbre de lumière et de paix » qu’est l’olivier plonge largement ses racines dans le sud de la France.
Mais si notre pays compte en tout 25 000 oléiculteurs, 9000 seulement sont agriculteurs. Tous les autres sont des particuliers qui perpétuent souvent cette activité de génération en génération. Et c’est tant mieux car la filière oléicole a besoin des oléiculteurs familiaux pour exister. Sans la production d’huile issue de leur récolte, les moulins de nos villages disparaîtraient de même que la tradition artisanale préservée autour de l’huile d’olive.
Et parce qu’il fleure bon le soleil, les cigales et la cuisine méditerranéenne, l’olivier est bien sûr l’arbre emblématique du Gard et par excellence du pays nîmois. Puisque dans notre région il est partout présent.
C’est sans doute pour cette raison qu’un public intéressé par l’olivier a répondu nombreux à l’invitation de Promolive en cette matinée de mars. Il s’agissait en effet d’assister dans le parc de la mairie, à une démonstration de taille de cet arbre légendaire, faite dans les règles de l’art.
Et c’était le bon moment car « rien ne vaut la taille de mars pour l’olivier » dit-on.
L’association Promolive
L’association a 39 ans de bouteille et donc un fonctionnement bien huilé. Elle fait la promotion de l’olivier en pays nîmois et dans l’ensemble du Gard.
Elle regroupe 300 familles d’oléiculteurs dans le département et c’est d’ailleurs la plus grande association de ce type.
Elle compte 26 administrateurs, dont José Lopez à La Calmette. Ce qui a favorisé la rencontre de ce jour d’autant plus que Jacques Bollegue, le maire de la commune, baigne lui aussi dans l’environnement de l’association depuis de nombreuses années.
« Nous faisons la promotion de l’olivier sur plusieurs plans » explique Jean-Claude Woillet, le président de Promolive.
- Plan technique : « une taille bien faite permettra d’obtenir davantage d’huile« .
- Plan économique avec des conseils.
- Plan social : « les démonstrations et interventions diverses créent du lien et des échanges, il suffit de voir aujourd’hui les discussions entre les protagonistes présents« .
- Plan culturel : « l‘olivier est un vecteur de culture, Giono ou Van Gogh en sont des exemples« .
- Plan international : « cet arbre méditerranéen devient une sorte d’espéranto lors des voyages effectués par l’association car tout le monde se comprend quand on parle d’olivier ».
- Etc.
Mais pourquoi un tel engouement depuis la nuit des temps pour le porteur d’olives ?
Parce qu’il est avant tout un trésor pour la santé. Et c’est à ce titre que sa culture s’est développée et a perduré.
Et pour finir, n’oublions pas non plus que l’olivier figure sur le drapeau des Nations Unies en tant que symbole de la paix.
Un passionné d’oliviers
L’oléiculture est avant tout une passion car elle demande beaucoup de travail sans être d’un grand rapport.
L’homme à la casquette qui murmure à l’oreille des oliviers et qui mène rondement les opérations en donnant les indications pour la taille est Gilles Marcatand, administrateur et intervenant de Promolive.
« Je suis passionné d’oléiculture et natif de Montpezat. C’est mon père qui m’a tout appris et je me suis spécialisé dans la taille et dans la greffe en adhérant à l’association ».
Et Gilles n’est pas avare de paroles qu’il débite avec une grande fluidité. Nul besoin d’exercer sur lui la moindre pression en effet, et encore moins à froid, car on le sent enflammé d’une réelle passion pour tout ce qui touche à l’olivier.
Les échanges entre le « maître » et ses élèves se sont poursuivis avec animation le temps de rectifier la coupe à deux des oliviers du parc. Et l’auditoire a pris une part active à la démonstration en donnant son avis, se révélant dans sa majorité très connaisseur. Ce qui n’a pas empêché les conseils de Gilles de couler dans des oreilles attentives.
Les conseils du prof
Une taille en 3 points
Se souvenir du « MCR« , autrement dit enlever :
1°) tout ce qui Monte,
2°) tout de qui Croise,
3°) tout ce qui Redescend.
À retenir
- Garder à l’esprit que l’on taille pour l’avenir.
- Commencer par jauger l’arbre de loin, en visualisant le résultat final.
- La taille s’évalue au coup d’œil, en pensant à ce qui est important pour l’arbre.
- Ne pas ôter plus de 30% de l’ensemble.
- Se souvenir que l’ombre d’un olivier doit être tamisée.
- Dégager le centre, tout en laissant des branches pour protéger les charpentières de la brûlure du soleil.
- Faire en sorte qu’un oiseau puisse circuler librement à l’intérieur de l’olivier.
- Ne pas laisser les résidus de taille auprès de l’arbre, car cela favorise la prolifération d’insectes nuisibles.
Le verre de l’amitié (sans huile d’olive) a clos cette démonstration instructive et conviviale.
Et quand on parle de boire, voici un dernier conseil donné par Gilles Marcatan : « on peut donner 2m3 d’eau à l’arbre deux fois par an (en juillet, août ou septembre). Mais il faut attendre qu’il le demande. » Il est donc utile d’apprendre également à parler le langage des oliviers.