Une histoire qui coule de source
Après s’être penchée sur la restauration du moulin à vent et la culture de blés anciens destinés à lancer la fabrication du pain « coumeitié » (le Calmettois), l’association Cambo Roujo a décidé d’élargir la connaissance du patrimoine du village. Ce qui coule de source pour une association dont c’est le but. C’est ainsi que, profitant de la fraîcheur relative du petit matin en ce samedi 25 juin 2022, quelques Indiana Jones de Cambo Roujo sont partis en éclaireurs à la rencontre de l’histoire de l’eau de La Calmette.
Sur les traces de l’eau
Il s’agissait d’aller visiter l’ancien système d’alimentation en eau, sous la houlette de Yves Martin, dont le débit de parole n’a d’égal que ses connaissances en la matière. Yves Martin est détenteur d’une multitude de souvenirs, d’anecdotes et de références avec lesquels il a généreusement arrosé l’excursion.
Autre membre érudit de l’association, Jean-Christophe Galant professeur d’histoire, qui accompagnait aussi la balade. Passionné par le passé de son village, c’est « l’historien » de l’association.
Yves Martin
Jean-Christophe Galant
À terme, le but est de défricher pour remettre à la vue les anciennes installations qui ne sont plus fonctionnelles certes, mais qui sont encore bien présentes à quelques encâblures du village, et qui plus est dans un état correct.
Une cartographie des lieux sera ainsi établie, recensant les puits et les sources, et permettant des promenades instructives pour tous, y compris les scolaires.
Un lac fantôme
Le lieu dit « la combe du lac » ou « le lac » est un réservoir naturel entouré de hauteurs boisées, desquelles dégringolait il n’y a pas si longtemps quantité de sources. L’eau se stockait d’elle-même sur ce terrain en contrebas, et les plantes typiques de zones humides comme le jonc témoigne effectivement de la présence en cet endroit du précieux liquide. Il suffit d’ailleurs encore aujourd’hui d’une bonne pluie pour voir le sol se gorger d’eau comme une éponge.
Sauf que du « lac » il n’apparaît aucune trace en cette belle journée. Les anciens se souviennent pourtant s’y être baignés jusqu’au mois de juin quand ils étaient enfants.
L’eau se fait apparemment de plus en plus rare en ce début de 21ème siècle et particulièrement en cette année 2022. On l’appellera d’ailleurs l’Arlésienne durant toute la visite.
Les pieds dans le » lac »
Il faut s’avancer dans les hautes herbes jaunies pour découvrir l’ingéniosité d’une organisation échafaudée par les anciens dans les années 30 pour faire monter l’eau au village. Car celui-ci est en effet situé en hauteur par rapport à cette zone.
Le fonctionnement d’un système ingénieux
1 – un ruisseau recueillait l’eau descendant des hauteurs ;
2 – l’eau était dirigée par des canalisations en béton posées dans les chemins, vers des puits où était installé un système de siphons ;
3 – la pression la faisait monter vers le petit château d’eau en briques construit à La Calmette ;
4 – à l’aide de pompes, l’eau était ensuite distribuée dans le village.
Des canalisations en béton étaient posées dans les chemins
À noter : dans les années 90, un projet de barrage pour retenir l’eau à cet endroit a été évoqué mais l’idée fut abandonnée.
Dans la combe du lac on dénombre 4 puits.
En face, petite halte au mas inhabité avec sa bergerie abandonnée.
Recherche eau désespérément
Au fur et à mesure que le soleil et la chaleur grimpaient, les aventuriers se sont dirigés vers le domaine de Vallongue et la source de Fontanille, dont le bâti en pierre aménagé pour l’écoulement de l’eau s’est montré tout aussi désespérément sec.
Muette également la source de « la main de Dieu » où une petite cuvette naturelle en forme de main permettait autrefois aux chasseurs de faire boire les chiens.
Mais le lieu a été vandalisé et la petite cuvette cassée.
Pas de quoi se désaltérer non plus pour les sangliers qui viennent régulièrement s’abreuver à cette autre source dans le bois, et dont ils ont d’ailleurs fini par transformer en abreuvoir géant.
La pluie était pourtant tombée la veille. Mais elle leur a seulement permis d’en profiter pour patauger dans la gadoue, vu les traces laissées par leur passage.
De la visite d’une ancienne carrière de pierre (qu’on a cessé d’exploiter dans les années 60) à celle d’une plantation de 50 espèces différentes de figuiers en passant par une capitelle encore debout, les explorateurs de Cambo Roujo ont tout de même eu la satisfaction de découvrir un point d’eau pourtant bien caché dans la végétation. Mais dont l’existence était connue de Yves Martin, bien entendu…
Un beau retour vers le futur donc, pour les « jambes rouges » (*) calmettoises.
(*) Cambo Roujo tire son nom de la présence de persicaire dans la rivière la Braune qui passe à La Calmette. Cette plante a la particularité de rougir les jambes quand on descend dans l’eau.
En attendant de revenir dans quelques mois pour mettre en valeur l’ancien système d’alimentation en eau de La Calmette, la convivialité a coulé à flots, surtout autour de la table dressée par 2 fois au cours de la matinée par Sébastien Guironnet. Ce dernier porte lui aussi la double casquette de membre de l’association et de conseiller municipal.