Tête au sec et cœur léger
Abandonné, puis pillé et exposé aux intempéries depuis des lustres, le vieux moulin à vent avait eu le temps de broyer du noir à défaut de farine. Mais voici qu’il se refait une beauté et une santé avant de reprendre bientôt du service. Il a désormais le cœur plus léger.
Car après une restauration dans les règles de l’art réalisée ces derniers mois, le moulin s’est retrouvé chapeauté d’un toit qui lui va comme un gant. Un toit fait sur mesure et dont l’installation a attiré bon nombre de spectateurs ce mercredi 23 décembre, malgré un temps maussade.
Pour faire tourner le petit moulin
C’était donc un grand jour pour l’association Cambo Roujo à l’origine de la réhabilitation, avec le support de la municipalité de La Calmette. Car poser le toit du moulin à vent, c’était faire un pas de géant dans la concrétisation d’un projet porté à bout de bras et pendant un bon bout de temps par un groupe de volontaires passionnés.
Le cône de la toiture avait été déposé en kit puis monté sur place le 16 novembre dernier. Au sol le chemin dormant attendait de recevoir ses roulements à billes avant que l’ensemble de la structure ne soit hissé à sa place définitive en haut de la tour.
À noter : de forme circulaire le chemin dormant prend appui sur le bâti, à l’intérieur et au sommet du moulin. Il est fixe. Grâce aux roulements à billes qui ont remplacé la graisse ou le savon d’autrefois, il permet de faire tourner aisément l’ensemble ailes/toiture en fonction de la direction du vent.
De quoi donner du grain à moudre à ceux chargés des derniers préparatifs avant l’envolée finale ? L’affaire fut en tout cas rondement menée et tout roula parfaitement pour le chemin dormant, car les protagonistes présents ne dormaient pas eux.
- Gérard Blain, président de Cambo Roujo,
- Christophe Ventura, binôme de Sébastien Guironnet. Le premier, homme de terrain, étant chargé du suivi du chantier en images, de la partie technique et des rencontres avec les artisans. L’autre principalement des dossiers et de l’administratif.
- Alexandre Bilski, charpentier amoulageur (spécialiste des pièces de bois pour les moulins). Compagnon du Devoir, il s’est lancé dans la construction de charpentes de moulins. « Tout ce qui est bois ici c’est lui ». Mais Alexandre gère aussi la fabrication des meules.
Christophe Ventura, Alexandre Bilski et Gérard Blain
Les meules en pierre
Elles sont toutes deux striées de façon à permettre l’écoulement de la farine. La meule carrée est fixe et se place sous la meule de forme ronde qui tourne. Les grains de blé sont broyés sans être chauffés, conservant à la farine ses qualités nutritives. L’espacement entre les meules est optimalement calculé pour favoriser une mouture fine.
La structure coiffante en bois
La toiture et les ailes (qui seront posées ultérieurement) sont en pin Douglas, très résistant aux intempéries. Le bois restera à l’état naturel et se patinera avec le temps. Les interstices seront colmatés pour assurer l’étanchéité.
Le dormant et l’arbre de transmission sont en chêne, un bois extrèmement costaud et aussi plus esthétique.
Une toiture pour cadeau de Noël
À La Calmette, à 2 jours de Noël, le public a pu assister en direct à l’envol des différentes pièces maitresses du moulin.
1°) Les meules, l’une après l’autre.
2°) Le chemin dormant.
3°) La toiture.
Pour mémoire : rappelons que le toit d’un moulin à vent n’est pas solidaire du bâti. C’est son propre poids allié à celui de la meule à laquelle il est fixé qui le maintient en place. Quelques ajustements au millimètre près ont par contre été nécessaires avant que la grue ne dépose définitivement son cadeau de Noël sur l’antique bâtiment.
Une belle histoire qui ne fait que commencer pour Cambo Roujo et les Calmettois. Car on pourra bientôt faire du pain dans ce moulin qui a été le théâtre de tant d’aventures de jeunesse. Il suffisait, pour le savoir, de prêter l’oreille aux conversations alors que le vieux moulin à vent réceptionnait son nouveau couvre chef.