La biodiversité autour de Montignargues
Quand il s’agit de biodiversité, rien n’échappe à l’œil bleu de Françoise Lienhardt animatrice nature de l’Œil Vert.
Descendue tout schuss de sa Suisse natale il y a 35 ans, Françoise a flashé sur notre région du Leins Gardonnenque et s’y est installée.
Mais elle est surtout tombée « amoureuse » (sic) du bois des Lens, en découvrant il y a une quinzaine d’années la richesse d’une telle biodiversité à deux pas de chez elle. Elle a alors créé l’Œil Vert, une association d’éducation à l’environnement, à la culture et au patrimoine.
Depuis lors elle est devenue naturaliste, se passionnant pour l’étude de la flore et de la faune locales. Elle anime des ateliers tout au long de l’année et entraîne régulièrement dans son sillage des amateurs de nature désireux de découvrir leur environnement proche.
Car Françoise partage généreusement ses connaissances. Des connaissances d’ailleurs aussi vastes que la biodiversité elle-même.
À la rencontre de la biodiversité
C’est ainsi que le dimanche 30 avril 2023, dans le cadre de la traditionnelle Fête du Pain, l’Œil Vert a proposé une « balade à la rencontre des plantes et insectes de la garrigue », dans le bois des Lens, au-dessus de Montignargues.
Durant 3 heures, au hasard de leur cheminement, les participants ont fait connaissance avec une multitude de plantes, de fleurs sauvages et d’insectes. Et ce sur une distance de 500 m à peine. C’est dire la richesse et l’intensité des enseignements de Françoise qui fourmille de surcroît d’anecdotes et d’à-propos.
- Le respounchou ou campanule Raiponce a donné son nom au conte des frères Grimm qui a été adapté par les studios Disney (film d’animation Raiponce sorti en 2010).
- L’iris fétide émet une odeur de gigot pour attirer les fourmis carnivores.
- L’ornithogale est toxique et appelée Dame de 11 heures. Faut-il y voir un lien avec le bouillon de la même heure ?
- Les fruits de la bourse-à-pasteur ressemblent à la bourse (le porte-monnaie) d’un pasteur (un berger) puisqu’ils sont plats comme elle (c.à.d vide, car les bergers n’étaient pas riches).
- Le sisymbre officinal est appelé l’herbe aux chantres étant donné qu’il permet de retrouver la voix en cas d’extinction.
- L’aristoloche pistoloche n’est pas un aristo ayant perdu de sa superbe, mais une petite plante herbacée méditerranéenne qui accueille le papillon Proserpine.
Quant à la légende du chardon-Marie, découvrez-la ici.
La gesse chiche est rouge, une couleur de fleurs plutôt rare dans la nature (mis à part le coquelicot bien plus imposant, et qui possèderait d’autres charmes colorés pour attirer les insectes).
Mais le rôle de la gesse chiche serait peut-être de contribuer à enseigner la diction ?
« Les 36 gesses chiches de l’archiduchesse sont-elles sèches, etc.«
La minuscule cicadelle, insecte piqueur suceur, se prend pour un escargot puisqu’elle trahit sa présence par la bave dont elle badigeonne les tiges. Une bave au cœur de laquelle elle se dissimule en toute discrétion.
De temps en temps la loupe s’avère d’ailleurs très utile pour observer au plus près. Et cette loupe dévoile bien souvent des décors fantastiques, l’œil rivé à des organismes et à des végétaux en apparence bien anodins.
Pour en avoir une petite idée, coupez donc en deux la figue non comestible du figuier sauvage, qui sert d’abri au blastophage. Vous voilà transporté dans un décor 3D, digne d’un vrai film de sciences fiction.
« En étant dans l’observation on s’aperçoit combien chaque espèce est extraordinaire et a sa place dans la biodiversité » a souligné l’animatrice de l’Œil Vert.
De temps en temps Françoise coupe, y compris avec son couteau suisse, et alors on goûte. Comme le chardon-Marie au goût d’artichaut par exemple. Riche en eau il est de plus excellent pour le foie.
Mise en garde : les plantes sauvages peuvent être consommées uniquement si elles font l’objet d’une parfaite connaissance.
Toujours dans le domaine infini de la biodiversité, on apprend qu’il existe :
- 1000 espèces d’abeilles sauvages en France (de 3/4 mm à 3cm)
- 83 espèces de fourmis dans le Gard, dont certaines d’une taille impressionnante
Un habitat pour favoriser la biodiversité
Ne coupons pas systématiquement les arbres morts. Ils constituent des hôtels à insectes bien plus efficaces que ceux fabriqués sur mesure du commerce, qu’on installe de plus là où il n’y a pas d’insectes.
À noter : le bois mort n’abrite pas forcément des termites qui risqueraient de s’en prendre aux charpentes de vos habitations. Les termites sont en fait localisées sur certains territoires « et à Montignargues il n’y en n’a pas » a précisé Mme le maire, qui participait à la balade.
Et si vous vous désolez de voir que les abeilles et les papillons boudent votre jardin, sachez que rien n’est plus propice à la biodiversité qu’un jardin en bazar !
Les petites bêtes fuient en effet les jardins trop bien entretenus.
« Il ne faut surtout pas passer la tondeuse en avril, a indiqué Françoise Lienhardt passionnée de biodiversité, puisque c’est le moment où les polinisateurs se reproduisent. Si vous ne supportez pas de voir votre jardin prendre des allures de jungle, ménagez quelques allées à la tondeuse pour pouvoir circuler et faites plaisir aux insectes en les laissant jouir du reste. »